Poème téléphonique # 65

Je me demande. Est-ce qu’il faut toujours s’arracher ? Toujours couper ses racines ? Toujours recommencer? Combien de temps est-il possible de se tenir là en retrait, en bordure, pourtant au cœur, Genève, les accords iran-usa, Genève, les voitures longues et noires, Genève, le lac en pagaille, la révolte, le sang des autres, et la lumière. Sur un mur, quelqu’un a écrit : saute tigre ! Et le tigre bondissant brûle la tempête, brûle les signes, brûle les attaches, pour nous rendre peut-être digne d’une certaine forme de sauvagerie, de celle qui rend la joie profonde et dense.